Les remakes sont devenus monnaie courante, tout est permis pour exploiter les filons à leurs paroxysmes, on tire le
lait des portefeuilles jusqu'à plus soif.
Chaque année le phénomène amplifie, repousse les
limites.
La surexposition, la déclinaison à outrances des licences quelles qu'elles soient, peut faire frémir les
petits commerçants luttant pour un vulgaire 20 cm
2 sur les étals.
Je les comprends, jouer
David en permanence peut irriter.
Mais, il y a toujours un mais, des exceptions, des
bonnes surprises, peuvent éclore dans ces nébuleuses de fond de tiroir. D'autant plus quand on exclut le
copier coller robotique.
Robotique, qui nous amène vers l'histoire de
Pluto.
Une
production qui réussit le tour de force d'assembler avec succès deux
cœurs dans un même corps. Le palpitant d'Osamu Tezuka, géniteur du petit
Astro, d'un côté, et celui de Naoki Urasawa, maître du manga des temps
modernes, de l'autre.
L'originalité du défi que s'est fixé le binôme Urasawa / Nagasaki,
réside dans l'extrapolation romancée et déclinée en 8 livres, d'un
épisode bien particulier, d'un chapitre.
Transformer la pépite en lingot ?
Oui, mais le labeur était de mise.
Pluto (2010 /
2004 au Japon)
Naoki Urasawa & Takashi Nagasaki / (Kana)
Histoire originale par Osamu Tezuka
Environ 200 pages N&B (et couleurs en intro)
8 volumes. Edition terminée
Urasawa Style.
Les assidus gloutons de ses précédents travaux, ont dû penser irrémédiablement, en voyant le mot
Astro figurer en couverture, à une histoire anecdotique, rapidement digérée.
Mais
les préjugés, pas de place ici. Avec lui, c'est un peu toujours la même
rengaine, il suffit d'entamer le premier tome pour se ronger les
doigts, espérant avoir du
matos en réserve pour la soirée.
CLASSIC.
D'où
mon acharnement sadique (héroïque ?) à patienter jusqu'à la toute fin
de l'édition. Se délecter de sa propre interprétation, à la fois
visuelle, narrative et onirique, du début à la fin, devient vite une
sensation difficile à tempérer.
On est tout de suite
happé par une intrigue, qui devient vite tentaculaire. Tout les agrégats
s'ajoutent avec parcimonie et rien n'est laissé au hasard. Les strates
qu'elles soient politiques, historiques, économiques, législatives,
s'imbriquent sans casser un rythme qui va
piano crescendo, et sans mettre sur la touche les matières premières du récit...
Astro a toujours la classe.
Bien qu'il soit accompagné d'un casting plus concurrentiel qu'auparavant.
Question charisme, un
North2, ou un
Gesicht, en comparaison, c'est pas moche non plus.
Non,
l'atout majeur de ce titre, est qu'il a l'ossature policière
ultra-maîtrisée, et la dimension fictive inédite jusque là chez son
auteur. Et aussi qu'accessoirement, l'intrigue n'atteint
pas
le plafond des dix volumes reliés. Fort appréciable pour la tenue des
comptes, comme pour l'intérêt global qui s'amincit de toute mauvaise
herbe.
Oui Pluto, c'est du lourd.
Oui c'est aussi puissant en goût qu'un
Monster.
Oui c'est mon avis.
Mais que voulez-vous, quand on apprécie une aventure aussi bien distillée que celle-ci, difficile de ne pas en défendre le
steak.